par Sébastien Lamy
publié le

Rond-point des combattants

Pour les cyclistes, le rond-point des combattants d’Indochine porte bien son nom ! Une traversée de la jungle en milieu hostile, à la frontière entre Pau et Billère…

Une pratiquante nous avait déjà alerté sur sa dangerosité au mois d’avril 2019. Depuis, le bitume de ce rond-point a été refait à neuf, et les marquages de traversée cycliste aux côtés des passages piétons ont disparu. Ce constat a provoqué un débat intéressant sur notre forum, dont nous retranscrivons l’échange principal en fin d’article.

Hervé, qui semble avoir eu le dernier mot, suggère qu’il est bienvenu de rendre leur place aux piétons en l’état du rond-point, les trottoirs n’étant pas un lieu de circulation prévu pour les vélos. Il recommande aux cyclistes les moins aguerris de redevenir piéton pour emprunter les trottoirs autour du rond-point, et aux cyclistes les plus aguerris de bien prendre leur place sur la chaussée.

Tout le monde est cependant d’accord que pour bien faire, il faudrait refaire ce rond point. Ça tombe bien le guide des aménagements cyclables de Paris en Selle est sorti ! Page 122, on y trouve une recommandation qui pourrait bien s’appliquer à notre rond point, au vu des 24,5 mètres de rayon disponibles.

Il n’y a plus qu’à l’adapter pour ajouter une cinquième branche…

Extrait des échanges 🔗︎

Le mail de Laurence adressé aux services techniques de la ville le 28 aout, avec notre association en copie :

Bonjour,

Le 19 avril dernier j’ai informé l’association Pau à vélo de la dangerosité du rond point des combattants d’Indochine (Av Jean Mermoz/Rue Santona) pour les cyclistes, en raison de la mauvaise signalisation des voies cyclables, notamment le long des passages cloutés. Vous trouverez la photo correspondante ci-dessous.

Suite aux travaux de goudronnage finalisés il y a quelques semaines, la situation a nettement empiré puisque la signalisation est complètement absente sur la chaussée.

Ce matin encore je me suis faite insultée par un automobiliste qui n’appréciait pas de céder le passage à un vélo empruntant le passage clouté.

Je vous rappelle qu’il y a déjà eu un accident sur ce rond-point puisque mon amie, Mme GALIAY, a été renversée. Elle a eu une fracture du bassin et plusieurs semaines d’ITT.

Je demande donc aux personnes en charge de la sécurité des usagers de la voie publique de faire le nécessaire pour que les cyclistes puissent circuler à cet endroit sans risquer leur vie. Je serais heureuse de savoir quelles mesures vous prévoyez de prendre dans cet objectif.

Cordialement

La réponse de Hervé Laurent le même jour :

Bonsoir,

J’avais été inspecter ces marquages à leur première apparition, et j’y suis retourné ce soir, suite à vos messages.

J’espère que les services techniques répondront à votre questionnement et interviendront pour sécuriser autant que possible ce carrefour à sens giratoire.

Je vais donner mon point de vue personnel, avec mes maigres connaissances en aménagement et mon expérience de cycliste quotidien.

Pour moi, c’est le marquage précédent qui était une erreur.

Le carrefour à sens giratoire est par définition très accidentogène pour les déplacements actifs. Aménager un grand carrefour à sens giratoire (rayon extérieur > 22 m) pour les cyclistes dans un espace contraint comme ici est d’office très complexe.

La signalisation horizontale de type « traversée cyclable » qui avait été réalisée en parallèle des passages piétons est elle aussi accidentogène. Les automobilistes ne s’attendent pas à voir un vélo déboucher depuis un trottoir, et un cycliste (de + de 8 ans) n’a rien à faire sur un trottoir, où il entre en conflit avec le piéton, plus vulnérable que lui.

Car hormis quelques pictos vélo marqués au sol, les « traversées cyclables » matérialisées ne présentaient aucune continuité en dehors de la voie de circulation générale, et la nature de l’aménagement n’était pas identifiable. Aucune piste cyclable ou « voie verte » n’avait été aménagée en périphérie du giratoire, amenant le cycliste à côtoyer les piétons.

J’estime personnellement que les techniciens ont fait le bon choix ici en redonnant l’espace aux piétons, en recouvrant ce qui avait été fait précédemment.

Si on se réfère à la fiche vélo n°10 du CEREMA , relative à ce type d’intersection, on voit bien que même les experts de cet organisme public ne fournissent pas de solution pour cette configuration d’intersection (grand giratoire en milieu urbain dense).

A mon avis, il est impossible de sécuriser cette intersection en l’état. Il faut soit supprimer purement et simplement le giratoire et réguler différemment le trafic en intégrant le vélo, soit réduire le rayon du giratoire et faire ralentir les véhicules en aménageant une couronne cyclable digne de ce nom avec des plateaux traversants suffisamment éloignés des entrées/sorties du carrefour (comme fait autour du BHNS, même si encore imparfait). Et là c’est un autre budget que quelques traces de peinture…

En l’état, je conseille d’emprunter le carrefour comme suit :

  • Pour les usagers aguerris : Se rendre visible, occuper le centre de la chaussée, respecter scrupuleusement les priorités, tendre le bras pour indiquer les changements de direction, « occuper le terrain » pour se faire respecter.
  • Pour les moins aguerris : Redevenir piéton l’espace d’un instant, descendre de sa monture, monter sur le trottoir, emprunter les passages piétons, et remonter sur le vélo à partir du moment où on retrouve une bande/piste cyclable et un peu plus d’assurance et de sécurité.

Rien que du classique, comme dans les nombreux endroits où ceux qui ont opté (par choix ou par la force des choses) pour une mobilité durable n’ont pas encore été pris en considération par les aménageurs (et pas seulement les aménageurs…).

Bonne continuation !